Il
y a encore un tabou sur le deuil périnatal. On croit qu'après 3 mois de grossesse, les risques sont passés. A 3 mois de grossesse, l'échographie sacralise le bébé, qui parait déjà complètement formé. Alors, quand on perd un bébé après ce terme, c’est une catastrophe. Personne n'y est préparé. Les équipes médicales sont démunies, elles qui sont là pour lutter pour la vie et qui voudraient oublier qu'elles n'y arrivent pas tout le temps. Le bébé mort, pour elles, est un échec. Pour la mère en devenir, il est très difficile de trouver les mots pour qualifier ce qui lui arrive. Les proches ne savent pas comment réagir. Parfois ils s'éloignent, comme si la tragédie pouvait être contagieuse. D'autres fois ils minimisent l'évènement, pensant, par là, le rendre plus léger. On parle de fausse couche ou d'accident de parcours. On vous promet un autre bébé, mais c’est celui là qu’on veut, c’est celui là qu’on a porté, qu’on a appris à aimer au fil des mois. Il me semble que nous retrouvons le goût de la vie après un deuil, non pas en niant ou en refoulant la douleur, mais en donnant à l'enfant parti une place juste dans sa vie. Et pour cela il faut pouvoir exprimer ce qui s'est passé. C’est pour toutes les mamans qui n'osent pas, ne peuvent pas, ne trouvent pas les mots qui peuvent être lus et entendus, que j’ai écrit «Marie-Kerguelen.». Le livre Marie-Kerguelen n'est pas une histoire triste, c'est une histoire d'amour, le témoignage d'un parcours vers la renaissance. Qu’est ce que le deuil périnatal ?
La médecine a donné différents
noms à la perte d’un bébé : fausse couche
ou mort néonatale. Qu’on ait fait une fausse couche, une
IVG, interruption volontaire de grossesse, une IMG, interruption médicale
de grossesse, une fausse couche tardive, qu’on ait perdu son bébé
in utero, qu’il soit mort à la naissance, qu’il y
ait eu mort néonatale, mort subite du nourrisson, c’est
toujours un bébé qu’on perd, une promesse qui ne
se réalisera jamais, un être qu’on ne verra pas grandir,
tout un monde qu’on avait échafaudé en vain. Si
le bébé n’a pas eu le temps de vivre hors du ventre,
il nous quitte sans aucun souvenir concret auquel on peut se rattacher
pour « faire son deuil ». En effet, le travail de deuil
passe toujours pas la remémoration de souvenirs. Alors, comment
faire le deuil de celui qui n’a pas vécu ? La douleur, pour chacun, est différente. Elle ne dépend pas seulement du terme, de l’attente qui a précédé la conception, ou du rang de naissance de l’enfant. Bien souvent, l’entourage étouffe cette douleur. On reconnaît peu aux parents le droit d’être en deuil. D’ailleurs, si c’est le premier enfant, on ne les reconnaît même pas « parents ». Il faut faire comme s’il ne s’était rien passé. On nous promet un autre bébé,
mais c’est celui là qu’on voulait, pas un autre.
Quand on parle de « d’une fausse couche », on minimise
encore davantage. Ce bébé, nous en avons rêvé,
nous l’avons vu à l’échographie, nous l’avons
senti dans notre ventre, parfois nous l’avons pris dans nos bras
à la naissance, parfois nous n’avons même pas pu
le voir. Pour nous c’est un être humain, pour les autres
il n’existe pas. |
Gaëlle Brunetaud |
Marie-Kerguelen |
"Marie-Kerguelen"
est le témoignage du passage éclair d'une petite fille ardemment
désirée, |
Ce n'est pas un livre triste. |
C'est une histoire d'amour, un témoignage d'espoir, un message de Vie. |